Aux élèves des Lycées et des Ecoles publiques de Paris et de la
Seine En
janvier 1916, le Président du Comité d'initiative préfigurant la Fédération des PEP
signe une circulaire qui fonde le fameux " sou des pupilles " qui amorcera nos
premières opérations de solidarité.
Texte de la circulaire
En Sorbonne, le 1er jour de l'an 1916 : le
516e de la Grande Guerre.
Mes enfants; Je sais combien vous avez été bons et généreux depuis le commencement de
la Guerre. A toutes les oeuvres qui vous ont été signalées, vous avez donné, donné
encore sans vous lasser.
Je viens aujourd'hui tendre la main pour une oeuvre qui, plus que tout autre, doit toucher
vos coeurs de petits Français. Vous n'ignorez pas que des milliers de soldats, morts
glorieusement pour notre France, ont laissé de jeunes enfants, sans laisser toujours de
quoi vivre et s'instruire.
Votre Recteur, vos Inspecteurs, vos Proviseurs, Directeur et Directrices, vos Professeurs,
vos Instituteurs, vos Institutrices , ont pensé que vous ne refuseriez pas de faire, avec
eux, quelque chose pour ceux de ces pauvres orphelins qui seront vos camarades dans les
écoles de la République. Ils ont fondé une Oeuvre qui s'appelle les Pupilles de
l'Ecole. Aux orphelins qui prendront place, à côté de vous, sur vos bancs d'écoliers,
elle se propose de donner l'assistance matérielle et l'assistance morale dont ils ont
besoin, pendant leur enfance, pendant leur première jeunesse, jusqu'à ce qu'ils soient
en âge de gagner leur vie.
Je n'ai pas besoin de vous dire que vous avez une dette envers eux. Vous le sentez, vous
le comprenez de vous-mêmes. C'est au sang de leurs pères, versé pour nous et pour ceux
qui viendront après nous, que vous devez d'avoir une patrie libre, respectée, glorieuse,
où renaîtra la douce paix, avec son travail, sa richesse et ses joies. Le bonheur dont
vous jouirez sera fait en grande partie de leur malheur.
Vos maîtres et vos maîtresses vous diront ce que vous pouvez pour eux. Vous voudrez
certainement les traiter comme des frères et des soeurs d'adoption. Chacun donnera
suivant ses moyens. Pour contribuer à l'oeuvre. Il suffira d'un sou, d'un petit sou par
mois. Mais ceux qui pourront donner davantage ont le devoir de donner davantage. Pour tel
enfant, un sou est quelque chose pris sur le nécessaire ; pour tel autre, une pièce
blanche, ou même pièce d'or, quand nous reverrons l'or circuler dans nos mains, en
attendant, un petit billet de la Banque de France, n'est qu'une partie du superflu.
On s'en rapporte à vos conscience et à vos coeurs.
Louis Liard
Vice-Recteur de l'Académie de Paris |